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TAXI DE U-JIN ONE SHOT

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interdit aux moins de 16 ans

Sawamura est chauffeur de taxi depuis cinq ans. Alors qu’il sillonne les rues, il rencontre différents types de clients, avec des histoires plus loufoques les unes que les autres. Mais, un jour, son calme quotidien balance. Un criminel profiterait des courses pour assassiner les chauffeurs. Sawamura parviendra-t-il à y échapper ?

CRITIQUE nautiljon

Tokyo Decadence

S'il est surtout connu pour ses comédies érotiques mettant en scène de jolies jeunes femmes à peine vêtues, U-JIN est aussi un mangaka qui a écrit, à plusieurs reprises, des récits moins frivoles, dans lesquels ses personnages se confrontent à la dure réalité de la vie. Paru dès 1988 dans les pages du magazine mensuel Afternoon des éditions Kodansha, TAXI DRIVER est certainement l'une de ses productions les plus sérieuses. En France, ce sont les éditions Black Box qui, en février 2024, nous proposent ce titre dans leur catalogue, sous le titre très sobre de « TAXI ».

Sawamura est un jeune homme qui approche la trentaine. Depuis cinq ans, il travaille comme conducteur de taxi pour une compagnie basée à Tokyo, ce qui lui a donné tout le loisir d'apprendre à connaître la faune locale... Prostituées, yakuzas, vieillards solitaires, lycéennes en fugue et autres salarymen en proie à la gueule de bois sont les clients qui viennent prendre place à l'arrière de son véhicule. Passionné par son job, Sawamura tente de garder le cœur pur, mais difficile de s'en tenir à ses principes, quand on est chaque nuit témoin des pires comportements humains...

Publié à la fin des années 80, en pleine bulle économique, ce TAXI de U-JIN est une découverte étonnante, qui met en exergue la vulnérabilité des chauffeurs de taxi dans une ville aussi grande et aussi peuplée que la capitale japonaise. Naturellement, on a vite fait de faire le rapprochement entre ce seinen et l'iconique Taxi Driver de Martin Scorsese, sorti en 1976. Et s'il est effectivement, lui aussi, un peu à fleur de peau à force de côtoyer des clients toujours plus fous, Sawamura est bien moins excessif que son collègue Travis Bickle. Le ton est léger, souvent humoristique, pourtant, le mangaka aborde des thèmes sérieux et dramatiques, ne manquant pas d'apporter dans le même temps un regard avisé sur la société japonaise, alors en plein changement. Les mentalités bougent, l'argent qui afflue de part et d'autre rend les hommes cupides, et la pauvreté exerce l'effet d'une maladie incurable sur les plus faibles, qui en viennent à se fourvoyer dans le crime pour subsister.

Écrit avec un certain cynisme, TAXI est un one-shot qui mêle assez bien les genres, et qui transporte le lecteur dans un univers urbain particulièrement bien retranscrit. On se plaît à parcourir, en compagnie de ce jeune taximan, les rues nocturnes d'un Tokyo où la folie ambiante atteint petit à petit chacun des habitants. Composé de neuf chapitres, celui-ci nous présente des petites tranches de la vie du protagoniste, Sawamura, un type plutôt attendrissant et droit dans ses bottes, qui passe le plus clair de son temps dans son véhicule – au point même d'en attraper des hémorroïdes !

Graphiquement, U-JIN propose un style tout à fait typique des années 80, dynamique et détaillé, très fourni en traits et en trames. Outre des personnages caractéristiques, parfois presque caricaturaux, le mangaka parvient à nous plonger dans l'ambiance en intégrant son récit dans des environnements réalistes et plutôt immersifs : buildings, garages, usines désaffectées, intérieurs de bar... Une jolie réussite ; on ferait bien quelques virées supplémentaires !